Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/31

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une ressemblance. — O ! Juliette, ce brave homme est mon frère ; des événemens nous avaient séparés, un voyage qu’il fit l’an passé me le rendit. L’hymen a resseré nos nœuds ; nous voulons maintenant qu’ils soient indissolubles. Ils le seront, dit le capitaine, j’en renouvelle le serment dans les mains de l’aimable Juliette. Quand on se ressemble aussi parfaitement, quand les inclinations, les mœurs, ont une conformité si complette, il ne faut jamais se séparer. Vous êtes des scélérats, répondis-je, vous vivez dans le sein de l’inceste et du crime, il n’y aura jamais d’absolution pour vous ; si comme moi, vous reveniez de Rome, tous ces crimes vous effrayeraient ; et la crainte de ne pouvoir les purger, vous empêcherait d’y rester engloutis. Dinons, Juliette, me dit mon amie, tu finiras ton sermon au dessert ; puis ouvrant une chambre voisine, voilà, poursuivit-elle, tes effets, tes gens, ton Sbrigani ; devenez tous, amis de la maison, et publiez, quand vous ne serez plus ici, que les charmes de la tendre amitié, trouvent des sectateurs, même au sein du crime et de la débauche.

Un magnifique repas nous attendait. Sbri-