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l’infection de l’air qui jadis faisait tomber les oiseaux morts dans ce lac ; depuis longtems la qualité de ces eaux, et par conséquent de l’air, a totalement changée ; c’est aujourd’hui une situation très-saine, et l’une de celles de toute la contrée qui conviendrait le mieux à un philosophe. C’est là qu’Énée sacrifia aux Dieux infernaux avant que de s’engager dans les routes ténébreuses de l’enfer que lui avait indiquées la Sibille ; à gauche est la grotte de cette Sibille, et dans laquelle on pénètre aisément : c’est une galerie voûtée, de cent quatre-vingt pieds de long, sur onze de large, et neuf de haut ; en examinant bien ce local, et se dépouillant un peu des idées romanesques que les poëtes et les historiens nous font prendre, il est aisé de reconnaître que cette Sibille n’était qu’une maquerelle, et son antre un mauvais lieu. Plus on examine ce local célèbre… mieux cette idée se confirme ; et si lorsqu’on l’étudie, on s’en rapporte aux idées de Pétrone plutôt qu’aux descriptions de Virgile, on se convaincra bientôt tout-à-fait de cette opinion.

Un bouquet d’orangers qui, vers les bords qui vous font face, s’élève du milieu d’un