Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/338

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Francaville, que ce soit celles de Dracon, il faut qu’elles soient écrites avec le sang, qu’elles ne respirent que le sang, et qu’elles le fassent couler tous les jours, qu’elles tiennent le peuple, surtout, dans la plus déplorable misère ; il n’est jamais dangereux que quand il est dans l’aisance… et quand il est instruit, dit Clairwil ? Assurément : il faut le tenir de même dans la plus profonde ignorance, dit le prince ; il faut que son esclavage soit aussi dur que perpétuel, et qu’il ne lui reste surtout, aucune espèce de moyens d’en sortir, ce qui sera indubitablement, dès que celui qui soutient et entoure le gouvernement, se trouvera là pour empêcher le peuple de secouer des fers, que lui-même aura le plus grand intérêt de river. Vous n’imaginez pas jusqu’où cette tyrannie doit s’étendre. Je le sens, dit Clairwil, il faudrait qu’elle allât au point que tous ces coquins- ne tinssent que du tyran ou de ceux qui l’entourent, le droit de vivre et de respirer. Le voilà, reprit le prince, en saisissant cette idée avec empressement : il faut que le gouvernement règle lui-même la population, qu’il ait dans ses mains tous les moyens de l’éteindre s’il la craint, de l’augmenter s’il