Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/383

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excellent ceci ; mais nos guides ? — Il faut les renvoyer ; il faut leur dire que nous voulons en ce lieu respirer quelques heures. L’exécution suit de près le desir ; nous voilà seules ; Borghèse elle-même va chercher l’enfant… Qui es-tu, lui demandons-nous ?… Pauvre et malheureuse, répond humblement la jeune fille ; cette chèvre est tout notre bien ; elle, et mes soins, entretiennent ma mère, qui, malade et perpétuellement au lit, mourrait sans ces deux secours… Eh bien ! dit aussi-tôt l’infernale Clairwil, vois comme le hasard nous sert bien, il faut attacher l’enfant à la chèvre, et les culbuter toutes deux… Oui, mais s’en amuser avant, répondis-je… savoir au moins comme est faite cette fille : la fraîcheur, la santé, la jeunesse brillent sur ses jeunes attraits ; il serait ridicule de ne s’en point amuser. Le croirez-vous, mes amis, nous eûmes la cruauté de dépuceller cet enfant avec un caillou pointu ; de l’étriller jusqu’au sang avec les épines d’alentour ; de la lier ensuite à sa chèvre, et de les précipiter toutes deux du haut d’un rocher, d’où nous les vîmes s’engloutir dans les ondes, ce qui nous fit d’autant mieux décharger