Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/384

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toutes trois que le meurtre était double, puisqu’il entraînait également celui de la mère de cet enfant, qui, privée du secours des deux individus à qui nous venions de donner la mort, ne tarderait sûrement pas à mourir à son tour. Voilà comme j’aime les horreurs, dis-je à mes amies ; ou il faut les faire comme celles-la, ou il faut ne s’en jamais mêler. Oui, dit Clairwil ; mais il fallait savoir de l’enfant, où demeurait la mère ; il eût été délicieux de la voir expirer de besoin… Scélérate, dis-je à mon amie, je ne crois pas qu’il existe un être au monde qui sache mieux rafiner le crime que toi, et nous poursuivîmes notre promenade.

Remplies toutes trois du desir de savoir si les heureux habitans de cette île ressemblaient, en vigueur pour les hommes, en attraits pour les femmes, aux divins habitans de Naples, nous remîmes au gouverneur une lettre particulière de Ferdinand. Je suis étonné, nous dit-il, après l’avoir lue, que le Roi puisse me donner une pareille commission : ignore-t-il donc que je suis ici, plutôt comme espion de ce peuple, que comme le représentant du Souverain. Caprée est une république, dont le gouverneur,