Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/78

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romantique en elle le genre de sa beauté, mieux elle a ce qu’il faut pour ce rôle ; voilà Clotilde : oh ! comme je banderai, la voyant dans mes fers ; de quel intérêt doit-elle être dans les larmes ! quels délices on doit éprouver à les faire couler de ses deux beaux yeux. O Clotilde ! que vous serez malheureuse, si jamais vous m’appartenez. Ces projets une fois formés, je ne cultivais plus Cléontine, que dans l’espoir de les lui voir servir ; je ne crus rien de mieux, pour y arriver, que de lui échauffer la tête sur son beau-frère, et d’allumer ensuite la jalousie de la jeune femme. Cléontine m’avoua qu’elle avait quelquefois desiré Tilson ; mais qu’elle l’avait trouvé si bête et si vertueux, que ses desseins sur lui s’étaient évanouis presque aussitôt qu’elle les avait conçus. Et qu’importe l’esprit, répondis-je : dès que la beauté décore un individu, sa jouissance est faite pour être desirée. Tel que tu me vois, Cléontine, je suppose à Tilson le plus beau cul du monde, et je brûle du desir de le foutre ; cette idée divertit ma maîtresse ; à ce prix, elle accepte tout ; on fait ce qu’on veut d’une femme, en échauffant sa tête ; un peu de jalousie pourtant l’arrêta ; elle