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craignit, qu’amoureuse, du mari, je ne le la devinsse peut-être de la femme, elle me questionna… Allons donc, répondis-je, croyant prudent de me déguiser ; cette idée est extravagante ; mes fantaisies s’égarent sur un beau garçon, il ne s’agit ici que d’un sentiment matériel ; mais dès qu’il est question d’une femme, mon amour pour toi, Cléontine, ne me permet plus nul écart. Mes fadeurs, l’irrégularité de mes caprices, tout séduisit Cléontine, et elle me servit ; je n’en demandais pas davantage. Au bout d’un mois, celui que j’aimais fut dans les bras de ma maîtresse ; je l’y vis, l’y caressai, l’y foutis ; un autre mois se passa dans toute l’illusion des scènes de ce libertinage, et bientôt rassasié de tous deux, je ne pensai plus qu’à les perdre, qu’à joindre, mon bienfaiteur à mes victimes et qu’à ravir Clotilde… qu’à la conduire au bout de l’univers, pour me rassasier avec elle des divins plaisirs que j’en attendais.

Comme la jeune femme adorait son mari, il me fut facile d’allumer dans son ame les étincelles de la jalousie : lady Tilson me crut, et dès qu’il ne fût plus question que