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dis-je, que ta sœur est libre, et que nous partons : nous quittons l’Angleterre, je t’épouse, et juge avec quelle facilité tombera la dernière tête qui s’oppose à ce que tu possèdes seule les biens de Burlington. — O mon ami ! tu es un scélérat ! — Je suis un homme qui t’adore, Cléontine, qui brûle de te voir riche et de t’épouser. — Mais mon père… tout ce qu’il a fait pour toi. — Il n’est rien qui ne disparaisse, près des sentimens que je te dois : il faut que je te possède, Cléontine ; il n’est rien que je ne sacrifie pour y réussir : l’ardente créature m’accable de ses remercîmens… de ses baisers ; elle jure de m’aider, et des flots de foutre, à l’instant répandus, cimentent des sermens que je suis bien loin de vouloir tenir.

Cependant, comme toute la première partie de mon projet m’amenait au dénouement que j’y substituais, je ne tardai pas à mettre cette première partie à exécution ; Clotilde par mes soins surprend bientôt son mari dans les bras de sa sœur, et ce n’est plus pour se venger de son seul infidel, qu’elle reçoit des avis de moi, c’est pour les immoler tous deux : ce souhait me regarde, lui dis-je, je suis trop outré de ce qu’on vous fait pour