Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/83

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ne pas sacrifier ceux qui vous outragent. Vos jours ne seraient plus en sûreté avec de tels parens ; consentez à ce que je les immole, si vous ne voulez pas périr vous même. Un silence expressif est la réponse de Clotilde, et le même breuvage aussitôt la défait, à-la-fois d’une sœur et d’un époux : je les avais foutus tous les deux le matin.

Je reprends alors la seconde partie de mon projet : ô Clotilde, dis-je, avec frayeur, ces deux morts promptes effrayent votre père ; je crains que le soupçon ne s’éveille dans son ame, il a su vos motifs de plaintes, pourquoi n’attribuerait-il pas à votre vengeance la perte de son gendre, et de sa fille ? or s’il le fait, vous êtes perdue, préparez-vous donc à la meilleure défense, si ce malheur arrive. De ce moment, le soupçon que je fais redouter à Clotilde, je le sème avec art dans l’esprit de son père : ne cherche point ailleurs qu’en Clotilde, l’assassin de Tilson, et de Cléontine, dis-je, à cet honnête homme ; quelle autre qu’elle, aurait à cette horreur un intérêt aussi puissant, et si comme vous n’en sauriez douter, cette malheureuse a pu mépriser à ce point, et ses devoirs, et la voix plus puissante encore de la na-