Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/136

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passions favorites, il aime à la folie à décharger sur le visage de82) filles.83) S’il s’en tenait là — bon, mais le coquin a bien d’autres goûts et de si dangereux que je crains bien — mais ma sœur que le sommeil gagnait s’endormit sans finir sa phrase, et le lendemain ramenant d’autres aventures, nous ne pensâmes plus à celles-là. — Dès le matin, nous nous levâmes et, nous rajustant de notre mieux, nous nous transportâmes chez md. Guérin. Cette héroïne demeurait rue soli, dans un appartement fort propre au premier qu’elle partageait avec six grandes demoiselles de 16 à 22 ans, toutes très fraîches et très jolies. Mais vous trouverez bon, s’il vous plaît que je ne vous les dépeigne, messieurs, qu’à mesure que cela deviendra nécessaire. La Guérin enchantée du projet qui amenait ma sœur chez elle depuis le temps qu’elle le désirait, nous reçut et nous logea toutes deux avec le plus grand plaisir. „Toute jeune que vous voyez cet enfant,“ lui dit ma sœur, en me montrant, „elle vous servira bien, je suis sa caution, elle est douce, gentille, a un fort bon caractère et la putanielle la plus décidée dans l’âme ; vous avez beaucoup de paillards parmi vos connaissances qui veulent des enfants. En voilà une comme il leur faut, — employez-la.“ — La Guérin, se tournant vers moi, me demanda alors si j’étais déterminée à tout. — „Oui madame,“ lui répondis-je avec un petit air effronté qui lui fit plaisir, „à tout pour gagner de l’argent.“ — On nous présenta, à nos nouvelles compagnes dont ma sœur était déjà très connue et qui par amitié pour elle, lui promirent d’avoir soin de moi. Nous dînâmes toutes ensembles, et telle fut en un mot, messieurs, ma première installation au bordel, je ne