Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/34

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à les ébranler, et Curval directeur des ambassades, et que23) la multiplication des réfus ne faisait qu’irriter ne savait plus comment s’y prendre pour jouir de la jeune fille et pour la soumettre à ses libidineux caprices, lorsqu’il s’imagina tout simplement de faire rouer le père pour amener la fille dans son lit. Le moyen fut aussi bien conçu qu’exécuté ; deux ou trois coquins gagés par le président s’en mêlèrent, et avant la fin d’un mois le malheureux porte-faix fut enveloppé dans un crime imaginaire que l’on eut l’air de commettre à sa porte et qui le conduisit tout de suite dans un cachot dans la conciergerie. Le président comme on l’imagine bien s’empare bientôt de cette fille et comme il n’avait pas envie de faire trainer l’affaire en trois jours grâce à de coquineries et à son argent le malheureux porte-faix fut condamné à être roué vif, sans qu’il eût jamais commis d’autres crimes que celui de vouloir garder son honneur et conserver celui de sa fille. Sur ces entrefaites les sollicitations recommencèrent, on fit trouver la mère, on lui représenta qu’il ne tenait qu’à elle de sauver son mari, que si elle satisfaisait le président, il était clair qu’il arracherait par là son mari au sort affreux qui l’attendait. Il n’était plus possible de balancer, la femme consulta, on savait bien à qui elle s’adresserait, on avait gagné les conseils et ils répondirent sans tergiverser, qu’elle ne devait pas hésiter un moment. L’infortunée amène elle-même sa fille en pleurant au pied de son juge. Celui-ci promet tout ce qu’on veut, mais il était bien loin d’avoir envie de tenir sa parole, non seulement il craignait en la tenant que le mari sauvé ne vint à faire de l’éclat en voyant à quel prix