Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/360

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jadis quelque vertu, ne reconnait plus une seule, accoutumé à des choses plus vives, il secoue promptement les premières impressions molles et sans douceur, qui l’avaient enivré jusque lors et comme il sent bien que l’infamie et le déshonneur vont être la suite de ses nouveaux mouvements pour n’avoir pas à le redouter, il commence par se familiariser avec eux, il ne les a pas plutôt caressés, qu’il les aime parce qu’ils tiennent à la nature de ses nouvelles conquêtes, et il ne change plus.“ — „Voilà donc ce qui rend la correction si difficile,“ dit l’évêque. — „Dites impossible,“ mon ami, et comment les punitions infligées à celui que vous voulez corriger réussiraient-elles à les convertir, puisque à cela près de quelques privations, l’état d’avilissement, qui caractérise celui où vous le placez, en le punissant lui plaît l’amuse, le délecte, et il jouit au dedans de lui même d’avoir été assez loin pour mériter d’être ainsi traité.“ — „Ô quelle énigme, que l’homme,“ dit le duc. — „Oui mon ami,“ dit Curval, „et voilà ce qu’on a fait dire à un homme de beaucoup d’esprit, „qu’il valait mieux de foutre que de le comprendre.“ — Et le souper venant interrompre nos interlocuteurs, on fut se mettre à table sans avoir rien fait de la soirée. Mais Curval au dessert bandant comme un diable, déclara qu’il voulait faire sauter un pucelage, dût-il en payer vingt amendes, et s’emparant aussitôt de Zelmire, qui lui était destinée, il allait l’entraîner dans le boudoir, lorsque les trois amis se jettent au devant de lui, le supplièrent de se soumettre à ce que lui-même avait prescrit, et puisqu’eux avaient pour le moins autant d’envie d’enfraindre ces lois, s’y soumettaient cependant, il devait les imiter au moins par complaisance, et