Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laisser faire, allons, poursuis, Duclos, car je ferais peut-être pis, et comme j’adore cette belle enfant-là,“ dit il, en persiflant, „je ne veux pas l’outrager tout à fait.“ — [133]Je ne sais pas, messieurs,“ dit Duclos, en reprenant le fil de ses récits, „si vous avez entendu parler de la passion du commandeur de St. Elme. Il avait une maison de jeu où tous ceux, qui venaient risquer leur argent étaient rudement étrillés. Mais ce qu’il y a de fort extraordinaire, c’est que le commandeur bandait à les exévoquer, chaque coupe-gorge qu’il leur faisait, il déchargea dans sa culotte, et une femme que j’ai fort connue, et qu’il avait entretenue longtemps, m’a dit, que quelquefois la chose réchauffait au point, qu’il était obligé de chercher avec elle quelques refraîchissements à l’ardeur dont il était dévoré, il ne s’en tenait pas là, tout espèce de vol avait pour lui le même attrait, et nul meuble était en sûreté [de] lui ; était-il à votre table, il y volait des couverts, dans votre cabinet vos bijoux, près de votre poelle votre boësse ou votre mouchoir, tout était bon, pourvu qu’il pût le prendre, et tout le faisait bander et même décharger, dès qu’il l’avait pris.197) Mais il était certainement en cela moins extraordinaire que [134]le président au parlement, avec lequel j’eus affaire, très peu de temps après mon arrivée chez la Fournier, et dont je conservais encore la pratique, car son cas étant assez chatouilleux, il ne voulait avoir affaire qu’avec moi. Le président avait un petit appartement loué toute l’année sur la place de Grève, une vieille servante l’occupait seule comme concierge et la seule consigne de cette femme était d’approprier cet appartement et de faire avertir le président, dès qu’on voyait sur la place quelque