Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/49

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nature et à la religion, et comme tous ces excès mènent au meurtre et que les meurtres commis par libertinage se varient à l’infini, et autant de fois que l’imagination enflammée du libertin adopte de différents supplices, la quatrième devait joindre aux événements de sa vie le récit détaillé de 150 de ces différentes tortures, pendant ce temps-là nos libertins entourés comme je l’ai dit d’abord de leurs femmes et ensuite de plusieurs autres objets dans tous les genres écouteraient, s’échaufferaient la tête et finiraient par éteindre avec ou leurs femmes ou ces différents objets l’embrasement que les conteuses avaient produit. Il n’y a sans aucun doute rien de plus voluptueux dans ce projet que la manière luxurieuse dont [on] y procéda et ce sont et cette manière et les différents récits qui vont former cet ouvrage que je conseille — d’après cet exposé — à tout dévot de laisser là tout de suite s’il ne veut pas être scandalisé, car il voit que la plupart est peu chaste et nous osons lui répondre d’avance que l’exécution le sera encore bien moins. Comme les quatre actrices dont il s’agit ici jouent un rôle très essentiel dans ces mémoires, nous croyons — dussions-nous en demander excuse au lecteur — être encore obligés de les peindre ; elles raconteront, elles agiront, est-il possible d’après cela de les laisser inconnues ? Qu’on ne s’attende pas à des portraits de beauté, quoiqu’il y eut sans doute des projets de servir physiquement comme moralement de ces quatre créatures, néanmoins ce n’était pas leurs attraits ni leur âge qui décidaient ici, c’étaient uniquement leur esprit et leur expérience et il était dans ce sens-là impossible d’être mieux servi qu’on ne le fut. —