Page:Sade - Les 120 Journées de Sodome, éd. Dühren, 1904.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

couvent au sortir d’un bal d’enfants, la gouvernante avait été poignardée. La sixième se nommait Hébé, elle avait 12 ans, elle était fille d’un capitaine de cavallerie, homme de condition vivant à Orléans. La jeune personne avait été séduite et enlevée dans le couvent où on l’élevait, deux religieuses avaient été gagnées à force d’argent. Il était impossible de rien voir de plus séduisant et de plus mignon. La septième se nommait Rosette, elle avait 13 ans, elle était fille du lieutenant général de Chalons sur Saône, son père venait de mourir, elle était à la campagne chez sa mère près de la ville et on l’enleva sous les yeux mêmes de ses parents en contrefaisant les voleurs. La dernière s’appellait Mimi ou Michette, elle avait 12 ans, elle était fille du Marquis de Senanger et avait été enlevée dans la terre de son père en Bourbonnais à l’instant d’une promenade en calèche, qu’on lui avait laissé faire avec deux ou trois seules femmes du château qui furent assassinées.

On voit que les apprêts de ces voluptés coûtaient bien des sommes et bien des crimes, avec de tels gens, les trésors faisaient pas de chose et quant aux crimes, on vivait alors dans un siècle où il s’en fallait bien qu’ils fussent recherchés et punis comme ils l’ont été depuis, moyennant quoi tout réussit et si bien que nos libertins ne furent jamais inquiétés des suites, et qu’à peine y eut-il des perquisitions.

L’instant de l’examen des jeunes garçons arriva, offrant plus de facilité, leur nombre fut plus grand, les appareilleurs en présentèrent 150 et je n’exagérerais sûrement pas en affirmant, qu’ils égalaient au moins la classe des jeunes filles, tant par leurs déli-