Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/10

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manteau sous lequel s’enveloppe la discorde, quand elle veut distiller ses venins sur la terre. Eh ! s’il existe un Dieu, qu’importe la façon dont les hommes l’adorent ! sont-ce des vertus ou des cérémonies qu’il exige ? S’il ne veut de nous que des cœurs purs, peut-il être honoré plutôt par un culte que par l’autre, quand l’adoption du premier au lieu du second doit coûter tant de crimes aux hommes ?

Rien n’égalait pour lors l’étonnant progrès des réformes de Luther et de Calvin : les désordres de la cour de Rome, son intempérance, son ambition, son avarice avaient contraint ces deux illustres sectaires à montrer à l’Europe surprise, combien de fourberies, d’artifices, et d’indignes fraudes se trouvaient au sein d’une religion que l’on supposait venir du Ciel. Tout le monde ouvrait les yeux, et la moitié de la France avait déjà secoué le joug romain pour adorer l’Être Suprême, non comme osaient le dire des hommes pervers et corrompus, mais comme paraissait l’enseigner la nature.

La paix conclue, et les puissants rivaux dont on vient de parler n’ayant plus d’autre