Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/126

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que d’inconvénients présentait cette manière d’écrire ! l’auteur du Moine ne les a pas plus évités que Radgliffe ; ici nécessairement de deux choses l’une, ou il faut développer le sortilège, et dès lors vous n’intéressez plus, ou il ne faut jamais lever le rideau, et vous voilà dans la plus affreuse invraisemblance. Qu’il paraisse dans ce genre un ouvrage assez bon pour atteindre le but sans ce briser contre l’un ou l’autre de ces écueils, loin de lui reprocher ses moyens, nous l’offrirons alors comme un modèle.

Avant que d’entamer notre troisième et dernière question, quelles sont les règles de l’art d’écrire le roman ? nous devons, ce me semble, répondre à la perpétuelle objection de quelques esprits atrabilaires qui, pour se donner le vernis d’une morale, dont souvent leur cœur est bien loin, ne cessent de vous dire, à quoi servent les romans ?

À quoi ils servent, hommes hypocrites et pervers, car vous seuls faites cette ridicule question, ils servent à vous peindre, et à vous peindre tels que vous êtes, orgueilleux individus qui voulez vous soustraire au pinceau, parce que vous en redoutez les effets :