Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/130

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mais seulement d’être vraisemblable ; trop exiger de toi serait nuire aux jouissances que nous en attendons : ne remplace point cependant le vrai par l’impossible, et que ce que tu inventes soit bien dit ; on ne te pardonne de mettre ton imagination à la place de la vérité que sous la clause expresse d’orner et d’éblouir. On n’a jamais le droit de mal dire, quand on peut dire tout ce qu’on veut ; si tu n’écris comme R…… que ce que tout le monde sait, dusses-tu, comme lui, nous donner quatre volumes par mois, ce n’est pas la peine de prendre la plume : personne ne te contraint au métier que tu fais ; mais si tu l’entreprends, fais-le bien. Ne l’adopte pas surtout comme un secours à ton existence ; ton travail se ressentirait de tes besoins, tu lui transmettrais ta faiblesse ; il aurait la pâleur de la faim : d’autres métiers se présentent à toi ; fais des souliers, et n’écris point des livres. Nous ne t’en estimerons pas moins, et comme tu ne nous ennuiras pas, nous t’aimerons peut-être davantage.

Une fois ton esquisse jetée, travaille ardemment à l’étendre, mais sans te resserrer dans les bornes qu’elle paraît d’abord te