de sa mère dès que celle-ci l’a mis au monde, qu’il n’écrive jamais, nous ne le lirons point ; mais s’il éprouve cette soif ardente de tout peindre, s’il entr’ouvre avec frémissement le sein de la nature, pour y chercher son art et pour y puiser des modèles, s’il a la fièvre du talent et l’enthousiasme du génie, qu’il suive la main qui le conduit, il a deviné l’homme, il le peindra ; maîtrisé par son imagination qu’il y cède, qu’il embellisse ce qu’il voit : le sot cueille une rose et l’effeuille, l’homme de génie la respire et la peint : voilà celui que nous lirons.
Mais en te conseillant d’embellir, je te défends de t’écarter de la vraisemblance : le lecteur a droit de se fâcher quand il s’aperçoit que l’on veut trop exiger de lui ; il voit bien qu’on cherche à le rendre dupe ; son amour-propre en souffre, il ne croit plus rien dès qu’il soupçonne qu’on veut le tromper.
Contenu d’ailleurs par aucune digue, use, à ton aise, du droit de porter atteinte à toutes les anecdotes de l’histoire, quand la rupture de ce frein devient nécessaire aux plaisirs que tu nous prépares ; encore une fois, on ne te demande point d’être vrai,