Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/134

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de nos pinceaux et de notre respectueuse admiration, parce que ces desseins nous sont inconnus, qu’esclaves de ses caprices ou de ses besoins, ce n’est jamais sur ce qu’ils nous font éprouver que nous devons régler nos sentiments pour elle, mais sur sa grandeur, sur son énergie, quels que puissent être les résultats.

À mesure que les esprits se corrompent, à mesure qu’une nation vieillit, en raison de ce que la nature est plus étudiée, mieux analysée, que les préjugés sont mieux détruits, il faut la faire connaître davantage. Cette loi est la même pour les arts ; ce n’est qu’en avançant qu’ils se perfectionnent, ils n’arrivent au but que par des essais. Sans doute il ne fallait pas aller si loin dans ces temps affreux de l’ignorance, où courbés sous les fers religieux, on punissait de mort celui qui voulait les apprécier, où les bûchers de l’inquisition devenaient le prix des talents ; mais dans notre état actuel, partons toujours de ce principe : quand l’homme a soupesé tous ses freins, lorsque d’un regard audacieux, son œil mesure ses barrières, quand, à l’exemple des Titans, il ose jusqu’au ciel