Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/148

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grands maîtres, mais que je ne me suis même pas assujetti à cette maxime, telle bonne, telle sage que je la croie. Car enfin, quels sont les deux principaux ressorts de l’art dramatique ? Tous les bons auteurs ne nous ont-ils pas dit que c’était la terreur et la pitié. Or, d’où peut naître la terreur, si ce n’est des tableaux du crime triomphant, et d’où naît la pitié, si ce n’est de ceux de la vertu malheureuse ? Il faut donc ou renoncer à l’intérêt ou se soumettre à ces principes. Que Villeterque n’ait pas assez lu pour être persuadé de la bonté de ces bases, rien de plus simple. Il est inutile de connaître les règles d’un art quand on s’en tient à faire des Veillées qui endorment, ou à copier de petits contes dans les Mille et une Nuits, pour les donner ensuite orgueilleusement sous son nom. Mais si le plagiaire Villeterque ignore ces principes, parce qu’il ignore à peu près tout, du moins il ne les conteste pas ; et quand, pour prix de son journal, il a escroqué quelques billets de comédie, et que, placé au rang des gratis, on lui donne, pour sa mauvaise monnaie, la représentation des chefs-d’œuvre de Racine et de Voltaire, qu’il