Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/157

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pétuellement loués par moi, et que cite ici Villeterque, n’ont-ils aussi présenté des crimes ? Est-ce une fille bien vertueuse que la julie de Rousseau ? Est-ce un homme bien moral que le héros de Clarisse ? Y a-t-il beaucoup de vertu dans Zadig et dans Candide, etc., etc. ? Oh ! Villeterque, j’ai dit quelque part que quand on voulait écrire sans aucun talent pour ce métier, il valait beaucoup mieux faire des escarpins ou des bottes, je ne savais pas alors que ce conseil s’adresserait à vous ; suivez-le, mon ami, suivez-le, vous serez peut-être un cordonnier passable, mais à coup sûr vous ne serez jamais qu’un triste écrivain. Eh ! console-toi, Villeterque, on lira toujours Rousseau, Voltaire, Marmontel, Fielding et Richardson ; tes stupides plaisanteries sur cela ne prouveront à qui que ce soit que j’ai dénigré ces grands hommes, quand je ne cesse au contraire de les offrir pour modèles ; mais ce qu’on ne lira sûrement jamais, Villeterque, ce sera vous, premièrement parce qu’il n’existe rien de vous qui puisse vous survivre, et qu’à supposer même que l’on rencontrât quelques-uns de vos vols littéraires, on aimera mieux