Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/162

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parmi lesquels on peut nommer Sénac de Meilhan, auteur du poème en six chants dont on ne saurait même transcrire le titre ; Tilly, roué, digne émule des plus effrontés coryphées de l’époque de la Régence[1] ; Laclos, auteur d’un livre resté célèbre, les Liaisons dangereuses[2]. Se blasant sur la débauche,

  1. Les Mémoires de Tilly ont été publiés en 1828, 3 volumes in-8º. Ils offrent un tableau frappant de la corruption qui régnait alors dans certaines classes de la société française. M. de Lescure a dit avec raison que Tilly, type exact et effroyablement réussi de l’homme à tempérament du dix-huitième siècle, portait jusqu’en son abîme de corruption une sorte d’intrépidité héroïque.
  2. Charles Nodier a apprécié sévèrement ce livre célèbre dans une notice Sur quelques livres satyriques et sur leur clef, notice égarée en 1834 dans un cahier du Bulletin du Bibliophile et que peu de personnes possèdent aujourd’hui : « Laclos a été le Pétrone d’une époque moins littéraire et plus dépravée que l’époque où vécut Pétrone. Puisque les Liaisons dangereuses passent encore pour un ouvrage remarquable dans quelques mauvais esprits, il faut bien en dire quelque chose, et je ne sais jusqu’à quel point j’en ai le droit, car il m’a été impossible de les lire jusqu’à la fin. Peinture de mœurs, si l’on veut, mais de moeurs tellement exceptionnelles qu’on aurait pu se dispenser de les peindre sans laisser une lacune sensible dans l’histoire honteuse de nos travers ; œuvre de style, si l’on veut,