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Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/163

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Sade imagina des raffinements cruels qui attirèrent justement sur lui l’animadversion publique et les rigueurs de l’autorité ; enfermé dans des prisons d’état, il voulut se distraire en écrivant des ouvrages orduriers ; Mirabeau, dans une pareille situation, tomba dans de pareils écarts ; mais le fougueux tribun, devenant libre, se précipita avec le plus grand éclat dans les agitations de la politique, tandis que Sade, restant sous les verrous, fut saisi d’une véritable aliénation causée par le désespoir ; sa tête s’échauffant de plus en plus au milieu d’une longue oisi-

    mais d’un style si affecté, si maniéré, si faux, qu’il révèle tout au plus dans son auteur ce qu’il fallait de vide dans le cœur et d’aptitude au jargon pour en faire le Lycophron des ruelles : voilà les Liaisons dangereuses. Ce livre a aussi sa clef ou plutôt il en a dix. Je ne crois pas avoir traversé une ville principale de nos provinces où l’on ne me montrât du doigt, dans ma jeunesse, un des héros impurs et pervers de ce Satyricon de garnison, dont l’ennui, plus puissant que la décence et le goût, devrait dès longtemps avoir fait justice. On laissera sans doute au rebut ces clefs diffamatoires d’un ouvrage qui diffame la nature humaine et qui ne mérite pas plus de commentaires que les hideuses spinthries d’un émule effronté de M. Laclos, M. de Sade, qui emporte sur lui le prix dégoûtant du cynisme et non de la corruption. »