Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/30

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plus humain et plus juste ; usez de votre autorité pour faire des heureux, et non pour verser le sang de ceux dont tout le tort est de penser différemment que vous. Convainquez-nous, monsieur ; mais ne nous assassinez pas : que nos ministres puissent raisonner avec vos pasteurs ; et le peuple, éclairé par ces discussions, se rendra sans contrainte aux meilleurs arguments. Le plus mauvais de tous est un échafaud ; le glaive est l’arme de celui qui a tort, il est la commune ressource de l’ignorance et de la stupidité ; il fait des prosélytes, il enflamme le zèle et ne ramène jamais. Sans les édits des Néron, des Dioclétien, la religion chrétienne serait encore ignorée sur la terre ; encore une fois, monsieur le duc, nous sommes prêts à quitter les signes de ce que vous appelez la rébellion ; mais si c’est avec des bourreaux qu’on veut nous inspirer des opinions absurdes et qui révoltent le bon sens, nous ne nous laisserons pas égorger comme des animaux lancés dans l’arène ; nous nous défendrons contre nos persécuteurs ; tout en respectant la patrie, nous plaindrons ses chefs de leur aveuglement ; et