Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/72

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moi, s’écria Raunai. Ah ! j’aurai donc pu te prouver mon amour, j’aurai donc su te convaincre une fois qu’il n’est pas un seul être dans le monde qui sache t’aimer comme je le fais.

— Tu consens ?

— En doutes-tu ?…. Homme digne de moi, s’écria Juliette, viens dans mes bras, viens cueillir sur mes lèvres les premiers et les derniers baisers de l’amour… Ah ! quelle âme est la tienne, Raunai, combien je t’aime et combien je t’estime !

N’imagine pourtant pas que je te laisse traîner à l’échafaud sans travailler à ta vengeance, il en coûtera la vie au barbare qui prononcera ton arrêt ; vois ce fer, poursuivit-elle, en sortant un poignard de son sein, il ne me quitte pas depuis que je suis dans Amboise, et dès l’instant que tu seras sous les chaînes de mon père, je m’attache aux pas du duc de Guise ; il faudra qu’il te sauve ou qu’il périsse lui-même….

Oh ciel ! on nous écoute, dit Juliette en entendant du bruit près du cabinet du jardin où elle avait la liberté d’entretenir son amant…. On nous écoute, Raunai, Dieu