Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

veuille que nous ne soyons point trahis…. Va ! cours, fais ce que j’exige, et sois certain d’être vengé, avant que je ne m’immole avec toi.

Juliette rentra chez madame de Sancerre, sans découvrir la cause de ce qui l’avait effrayée ; elle fit part de son inquiétude à la comtesse, qui l’assura que personne n’avait pu s’introduire dans le jardin pendant qu’on lui permettait d’y recevoir Raunai ; que monsieur de Sancerre et elle, étaient l’un et l’autre trop intéressés au mystère, pour ne pas avoir pris toutes les précautions qui pouvaient l’assurer : mais Juliette ne se calma point.

Raunai lui obéissait-il ? elle ne devait plus le revoir, et dans ce cas, l’avait-elle assez remercié, lui avait-elle assez fait sentir combien elle était touchée d’un sacrifice aussi grand de sa part ? Si les amants ordinaires n’ont jamais fini de se parler, combien devait-il rester à ceux-ci, de choses importantes à se dire ?

Raunai était loin de balancer ; ce qu’il avait promis lui paraissait tellement fait pour sa belle âme, qu’il n’eut pas un instant