Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/75

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— Avez-vous réfléchi, Raunai, dit le duc, à l’imprudence de votre procédé ? Avez-vous senti que dès l’instant que vous étiez dans Amboise, vous deveniez prisonnier du roi sans qu’il fût besoin de vous livrer vous-même, et que dès lors les conditions que vous mettez à nous apprendre ce qu’on désire, devenaient d’autant plus inutiles, que les tourments nous suffisent pour obtenir de vous ces aveux.

— Si ma démarche est inconséquente, monsieur, reprit Raunai avec plus de fierté que de prudence, votre discours l’est bien davantage ; il faut bien peu connaître la nation, il faut être, comme vous, étranger dans son sein, pour ignorer qu’on peut tout obtenir du Français par l’honneur, et rien par les supplices ; essayez-les, monsieur, que vos bourreaux paraissent, vous verrez s’ils m’arracheront le moindre aveu.

— Et quel est l’intérêt que vous prenez à Castelnau ?

— Celui qui devrait vous émouvoir, l’envie d’épargner une injustice à l’homme qui conduit l’état ; eh ! monsieur, votre conscience ne vous en reproche-t-elle pas assez,