Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour épouser la fille d’un homme, contre lequel vous faites la guerre ; vous vous brouillerez avec François II, dont ces nœuds vous rendent l’oncle ; avec le duc de Ferrare dont ils vous font devenir le gendre, vous culbuterez l’édifice d’une fortune où vous travaillez depuis tant d’années, et tout cela pour le vain plaisir d’un moment, pour une passion qui s’éteindra sitôt quelle sera satisfaite, et qui ne vous laissera que des remords ? Sont-ce là les sentimens qui doivent animer un héros ? Est-ce à l’amour à nuire à l’ambition ? vous avez déjà beaucoup trop d’ennemis, monsieur ; ne cherchez point à en accroître le nombre. Excusez ma franchise, j’ai acquis le droit, par mon âge et par mes travaux, de vous parler comme je le fais ; l’estime dont vous m’honorez m’y autorise…… Ah ! croyez-moi, gardez-vous de laisser soupçonner que l’amour puisse entrer pour quelque chose dans les troubles que vos rigueurs excitent. Le Français courbe avec peine sous le joug d’un ministre étranger ; quelque