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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/113

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m’animent à-la-fois… Je puis sortir d’Amboise comme j’y suis entré… je puis rejoindre mes amis, revenir avec eux sous ces remparts délivrer et ton père et toi, trancher sans aucune pitié les jours de ces cruels despotes qui se font un jeu d’abréger les nôtres, les pulvériser tous au pied du trône que leur tyrannie déshonore, et mériter enfin ton cœur, après avoir immolé nos bourreaux. L’inaction où je reste pendant que l’on s’abreuve du sang de nos frères m’avilit à mes propres yeux ; je voulais embrasser tes genoux… J’ai réussi… Laisse-moi revoler au combat…… laisse moi fuir les murs de cette ville odieuse, je ne veux plus y revenir que triomphant ; je ne veux plus que tu m’y voyes, qu’aportant à tes pieds la tête de nos persécuteurs — Non, calme-toi Raunai, je verrai demain mon père… Je l’entendrai… peut-être après, te communiquerai-je un dessein plus sûr pour finir nos maux personnels, puisque nous ne pouvons aspirer à l’honneur de terminer ceux de nos compagnons d’infortune… calme-toi, cher et unique amant, aime