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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/125

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dans le temple de mémoire. Raunai, qu’un tel sort est au-dessus des jouissances mondaines ! comme les palmes de l’immortalité sont préférables aux jours obscurs et languissans que nous traînerions sur la terre.

Embrasse-moi, fille céleste, embrasse-moi, s’écria Raunai. Ah ! j’aurai donc pu te prouver mon amour, j’aurai donc ; su te convaincre une fois qu’il n’est pas un seul être dans le monde qui sache t’aimer comme je le fais. — Tu consens ? — En doute-tu ?… Homme digne de moi, s’écria Juliette, viens dans mes bras, viens cueillir sur mes lèvres les premiers et les derniers baisers de l’amour… Ah ! quelle âme est la tienne, Raunai, combien je t’aime et combien je t’estime ! N’imagine pourtant pas que je te laisse traîner à l’échafaud sans travailler à ta vengeance, il en coûtera la vie au barbare qui prononcera ton arrêt ; vois ce fer, poursuivit-elle, en sortant un poignard de son sein, il ne me quitte pas depuis que je suis dans Amboise, et dès l’instant que tu seras sous les chaînes