Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/126

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de mon père, je m’attache aux pas du duc de Guise, il faudra qu’il te sauve ou qu’il périsse lui-même… Oh ciel on nous écoute, dit Juliette, en entendant du bruit près du cabinet du jardin où elle avait la liberté d’entretenir son amant… On nous écoute, Raunai, dieu veuille que nous ne soyons point trahis… — Va cours, fais ce que j’exige, et sois certain d’être vengé, avant que je ne m’immole avec toi.

Juliette rentra chez madame de Sancerre, sans découvrir la cause de ce qui l’avait effrayée ; elle fit part de son inquiétude à la comtesse, qui l’assura que personne n’avait pu s’introduire dans le jardin pendant qu’on lui permettait d’y recevoir Raunai ; que monsieur de Sancerre et elle, étaient l’un et l’autre trop interressés au mystère, pour ne pas avoir pris toutes les précautions qui pouvaient l’assurer : mais Juliette ne se calma point. Raunai lui obéissait-il ? elle ne devait plus le revoir, et dans ce cas, l’avait-elle assez remercié, lui avait-elle assez fait sentir combien elle