Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/133

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pour elle ? — Elle l’ignore monsieur. — Je veux le croire, quoiqu’il en soit retirez-vous… et du ton de la plus sanglante ironie, il faudra travailler à vous conserver tous ; des officiers aussi pleins d’ardeur doivent être précieux à l’état, et je ne veux pas que vous m’en regardiez toujours comme le tyran.

Raunai sortit, fâché de s’être trop livré à des mouvemens, dont son amour et sa fierté l’avaient empêché d’être maître, et craignant qu’un peu trop de chaleur, n’eût plutôt gâté que servi les affaires du baron.

Pour monsieur de Guise, il ne tarda pas d’apprendre à son ami Sancerre, tout ce qui venait de se passer ; le comte n’avoua point qu’il savait Raunai dans la ville, mais il persista à engager le duc à des voies de clémence, qu’il croyait indispensables dans la situation des choses. Raunai s’immortalise, dit Sancerre ; ce trait est digne des Romains… Monsieur le Duc, quand la postérité racontera son histoire auprès de la vôtre, elle dira : « Raunai, le