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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/132

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une seconde fois ces fléaux à la France, immolez jusqu’au dernier de nous ; mais de nos cendres mêmes sortiront des héros qui sauront nous venger[1]. Retirez-vous Raunai, dit le duc, trop bon politique pour ne pas se contenir à des reproches aussi durs et aussi mérités. Je ne puis rien vous dire avant que d’avoir entendu Castelnau… Juliette doit vous savoir gré de ce que vous faites

  1. Raunai parle ici de l’anecdote de 1358, pendant que Charles V était régent du royaume lors de la prison du roi Jean après la bataille de Poitiers. Les mécontens de la capitale ayant à leur tête Étienne Marcel, prévôt des marchands, massacrèrent dans la chambre même du dauphin régent, et à ses pieds, Robert de Clermont, maréchal de Normandie, et Jean de Conflans, maréchal de Champagne. C’est ce Marcel qui la même année voulut livrer Paris aux Anglais ; mais comme il s’avançait vers la Porte Saint-Antoine ; Maillard, fidèle citoyen, dont la statue devrait être érigée sur le lieu même, sauva la ville et assomma le traître d’un coup de hache. Nous avons bâti beaucoup d’églises depuis, et pas un malheureux piédestal à cet homme célèbre.