Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/137

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Alors, suivant le droit insolent et barbare que les juges croyaient avoir de mentir en pareil cas, on lui dit que Raunai l’avait inculpé. Il répondit que c’était impossible ; on lui fit lecture des dépositions de la Bigue et de Mazère ; il dit que ceux qui s’avilissaient jusqu’à devenir dénonciateurs, perdaient le droit d’être entendus comme témoins.

Obligés de se contenter de cette récusation, les juges lui dirent, que professant la religion réformée et ayant été pris les armes à la main, il ne pouvait éviter le dernier supplice qu’en dévoilant les chefs dont il avait suivi les ordres.

« Je n’ignore pas, dit Castelnau, que mes juges au nombre desquels je vois mes plus grands ennemis n’ayent, et le pouvoir de me faire périr et toute l’habileté nécessaire à en trouver les moyens ; mais je déteste le mensonge, et rien ne me contraindra à l’employer pour sauver ma vie. Il faut bien peu connaître la nation pour oser accuser des Français du crime que l’on me suppose, non que l’État, ni celui qui le gouverne, ne re-