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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/136

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Ainsi donc, reprit Castelnau, je ne dois pas parler davantage de la lettre qu’il vous a plu de m’écrire : voilà des supercheries et des trahisons bien atroces envers un officier français ! — On le somma de répondre avec la plus grande justesse à ce qui allait lui être proposé, en le menaçant de la question s’il altérait la vérité. Castelnau se troubla, il pâlit. Vous avez peur baron, lui dit aussitôt le duc de Guise. Monsieur, répondit fermement Castelnau, je n’ai jamais tremblé devant les ennemis de la France, vous le savez ; mais je suis intimidé devant les miens ; peut-être dans le fond de votre âme en savez-vous la raison mieux qu’un autre ; faites-moi rendre mes armes, monsieur le duc, ces armes m’ont fait si long-temps triompher près de vous, et qu’il paraisse alors celui qui pourra m’accuser d’avoir peur…… Ah ! qui sait, monsieur, qui sait si vous ne trembleriez-pas plus que moi, dans le cas où le sort vous mettrait à ma place… N’importe, que l’on m’interroge et je n’en répondrai pas moins juste.