Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/141

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comme de tendres brebis sans défense ; nous aurons, dis-je, pour consolation dans un monde meilleur, l’idée d’avoir perdu nos jours pour le bonheur de la patrie et pour la prospérité de l’État : voilà ma tête, faites-la tomber sous vos coups ; la voilà, je l’offre et la perds sans regrets ; ce n’est pas mourir que d’emporter avec soi d’aussi flatteuses espérances ; elle est pour vous cette mort où vous croyez nous condamner… pour vous seuls, dont la postérité ne parlera qu’avec horreur, tandis qu’objets de son culte et de son admiration, elle daignera nous faire parvenir encore aux pieds de l’éternel ces hommages flatteurs que son équité rend à qui servit les hommes ».

On renouvella les interrogations : Castelnau s’en tint toujours aux mêmes réponses ; on lui tendit des piéges, imaginant le trouver en défaut sur la religion… croyant qu’un guerrier comme lui, plutôt entraîné par l’esprit de parti que par amour de la vérité, serait à coup-sûr mauvais théologien ; on l’interrogea sur le dogme.