Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/151

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vous. Elle prisonnière, dit Raunai au désespoir… gardez-vous monsieur… ah ! vous avez bien raison, cette menace est plus cruelle que des tourmens… Eh bien ! apprenez… Tais-toi, interrompt Juliette, ne vois-tu pas que c’est un piége ; l’âme des traîtres éclate sur leur figure… elle les décèle. Raunai, reprit le duc, vous m’en avez imposé, je sais tout ; vous n’avez rien à me dire ; votre seule intention était de sauver Castelnau ; lui libre, et vous dans sa prison, cette femme, que mon seul tort, est d’avoir adoré… d’idolâtrer peut-être encore… cette femme dis-je, s’attachait à mes pas, et ne les quittait plus qu’elle n’eût son amant ou ma vie… Ai-je tort Juliette ? — Il n’est pas vrai que ce brave jeune homme ne puisse vous rien apprendre, monsieur ; mais il est certain, dit-elle en faisant étinceller son poignard aux yeux du duc de Guise, il est certain que voilà l’arme qui nous vengeait tous deux, ordonnez son supplice ou mes fers, et vous allez connaître Juliette. Il est donc tems,