Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/159

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Le duc de Ceilcour, âgé de trente ans, plein d’esprit, d’une figure charmante, et ce qui vaut mieux que tous ces avantages, parce que celui-là fait valoir tous les autres, possédant huit cents mille livres de rente qu’il dépensait avec un goût et une magnificence dont il n’était aucun exemple, avait, depuis cinq ans qu’il jouissait de cette prodigieuse fortune, mis sur sa liste au moins trente des plus jolies femmes de Paris, et comme il commençait à se lasser, avant que d’être tout-à-fait insensible, Ceilcour voulut se marier.

Peu satisfait des femmes qu’il avait connues, n’ayant rencontré dans toutes que de l’art au-lieu de franchise, de l’étourderie au-lieu de raison, de l’égoïsme au-lieu d’humanité, et du jargon au-lieu de bon sens… les ayant toutes vu se rendre aux seuls motifs de l’intérêt ou du plaisir, n’ayant trouvé dans leur possession que de la pudeur sans vertu, ou du libertinage sans volupté, Ceilcour devint difficile, et pour ne se point tromper dans une affaire d’où dépendait le