Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que disait cette charmante petite femme, bien plus éprise qu’elle ne se le croyait ; l’inconstance reconnue de Ceilcour fut devenue sans doute le coup le plus affreux qu’elle eût pu recevoir.

Pour la comtesse de Nelmours, point de tragique dans ses sentimens, elle étoit flattée d’une conquête comme celle qu’elle venait de faire ; mais elle n’en perdait pas le repos. Ceilcour la prenait-il à titre de maîtresse, le plaisir d’humilier vingt rivales, était une jouissance délicieuse pour son orgueil… l’épousait-il ? il était divin de devenir la femme d’un homme qui possédait huit-cents mille livres de rentes ; ainsi l’intérêt ou la vanité dans elle, faisait tous les frais de l’amour ; mais malgré cela ses projets de résistance n’en étaient pas moins combinés, si le duc n’en voulait faire qu’une maîtresse, il était essentiel de le faire languir ; plus il chercherait à se rendre digne de lui plaire, plus tous les yeux se fixeraient sur elle. Et se rendant tout de suite, ce pouvait être l’affaire de deux jours, et au lieu d’un