Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/171

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roses quand on craint, comme moi les épines… Adieu, Ceilcour… Où soupez-vous ce soir ? — Le plus loin de vous que je pourrai. — Eh ! pourquoi donc ? — C’est que je vous crains. — Oui, si vous m’aimiez ; mais vous venez de dire que non, — Je serais le plus malheureux des hommes si vous pensiez jamais ainsi… Et comme à ces mots la comtesse s’élançait dans sa voiture, il fallut se séparer ; mais ce ne fut pas sans faire promettre au duc de Ceilcour de venir dîner le lendemain chez elle.

Pendant ce temps l’intéressante Dolsé, bien loin de croire son amant aux pieds d’une autre, se repaissait du bonheur d’en être aimée ; elle ne concevait pas, disait-elle à celle de ses femmes qui possédait le plus sa confiance, comment avec si peu d’attraits, elle avait pu réussir à captiver l’homme le plus aimable qu’il y eût au monde… par où méritait-elle ses soins ?… Comment ferait-elle pour les conserver ?… Mais si jamais le duc était volage, n’en mourrait-elle pas de douleur ? Rien de plus réel que