Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/205

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donnez au délire des sens. — Levez-vous Ceilcour je serais plus punie que vous, s’il fallait que je cessasse de vous aimer… Eh bien je vous pardonne, mais ne m’outragez plus, n’humiliez pas celle dont vous attendez, dites-vous, votre félicité ; quand on a autant de délicatesse dans l’esprit, peut-on en manquer dans le cœur… S’il est vrai que vous m’aimiez comme je vous aime, avez-vous pu vouloir me sacrifier à la fantaisie d’un moment ? Comme vous me regarderiez à présent, si j’avais satisfait vos desirs, et comme je me mépriserais moi-même, si cette faiblesse eut avilie mon âme ! — Mais vous ne me détesterez pas, Dolsé, pour avoir été séduit par vos attraits… Vous ne me haïrez pas pour n’avoir un instant écouté de l’amour… que son ardeur et son ivresse ? Ah ! que je l’entende encore une fois ce pardon où j’aspire. Venez, venez Ceilcour, dit la baronne en entraînant son amant au château, oui, je vous pardonne… mais ce sera de bien meilleur cœur quand nous serons tous deux loin du péril, fuyons