Aller au contenu

Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une passion qui le dévore, il est venu se retirer ici pour y gémir en liberté, c’est en raison de ces projets de solitude qu’il a fait bouleverser tous les chemins de son empire ; et en effet, la comtesse jetant les yeux sur l’immense avenue qui se présente à elle, ne voit que des arbres entièrement dépouillés de leur verdure, un aspect aride et désert… un chemin brisé de partout, n’offrant à chaque pas que des ravins et des précipices. Un moment la dupe de la plaisanterie… Oh ! je le savais bien, dit-elle, qu’il ne lui viendrait dans la tête que des choses ridicules ; si c’est ainsi, qu’il a dessein de me recevoir, je le tiens quitte de sa galanterie, et je m’en retourne. Mais, madame, dit un des génies, en la retenant ; vous savez que le prince n’a qu’un mot à dire pour faire à l’instant changer la face de l’Univers, souffrez-donc qu’on l’instruise, et de suite il donnera des ordres pour faciliter votre arrivée chez lui. — En attendant, que voulez-vous que je devienne ? — Oh ! madame, faut-il un siècle pour