Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/216

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là, il put se convaincre mieux que jamais de la délicatesse des sentimens de cette femme sensible, et démêler sur-tout qu’elle serait sa douloureuse affliction, si elle apprenait qu’on dût malheureusement la tromper. Il lui cacha avec le plus grand soin la fête projetée pour Nelmours, et s’abandonna pleinement du reste à sa destinée et aux circonstances. Quand on a dessein de prendre un parti, et que des motifs puissans nous y déterminent, il faut après avoir fait de son mieux pour éviter l’éclat, se livrer sans crainte aux suites inévitables d’un projet dont de plus grandes précautions troubleraient peut-être l’accomplissement, et nuiraient par conséquent à nos vues.

Le 20 juillet, veille de la fête de madame de Nelmours, cette charmante femme part dès le matin pour se rendre au château ; elle arrive à midi à l’entrée des avenues ; deux génies la reçoivent à son carrosse et la prient de s’arrêter un instant. On ne vous attendait pas aujourd’hui, madame, dans les états du prince Oromasis, dit l’un d’eux ; très-occupé