Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/82

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que vous appeliez la rebellion ; mais si c’est avec des bourreaux qu’on veut nous inspirer des opinions absurdes et qui révoltent le bon sens, nous ne nous laisserons pas égorger comme des animaux lancés dans l’arene ; nous nous défendrons contre nos persécuteurs ; tout en respectant la patrie, nous plaindrons ses chefs de leur aveuglement ; et toujours prêts à verser notre sang pour elle, quand elle ne verra plus dans nous que des frères, nous n’offrirons plus à ses yeux que des enfans et des soldats[1].

Ce discours, prononcé d’une voix ferme et d’un maintien assuré, soutenu des grâces nobles de cette fille intéressante, acheva d’enflammer le duc ; mais cherchant à déguiser son trouble sous les apparences d’une rigidité feinte, savez-vous, dit-il à Juliette, que vos discours, votre conduite… mon devoir en un mot, me contraindraient de vous envoyer à la mort ? Oubliez-vous, impé-

  1. Voilà comme germaient déjà dans ces ames fières les premières semences de la liberté.