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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/83

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rieuse créature, qu’il ne tient qu’à moi de sévir ? — Avec la même facilité, monsieur le duc, qu’il ne tient qu’à moi de vous mépriser, si vous abusez de la confiance que vous m’avez inspirée par votre lettre à mon père. — Il n’y a point de serment sacré avec ceux que l’église réprouve. — Et vous voulez que nous embrassions les sentimens d’une église, dont une des premières loix, selon vous, est d’autoriser tous les crimes, en légitimant le parjure ? — Juliette, vous oubliez à qui vous parlez. — À un étranger, je le sais. Un Français ne m’obligerait pas aux réponses où vous me contraignez. — Cet étranger est l’oncle de votre roi ; il en est le ministre, et vous lui devez tout à ces titres. — Qu’il en acquiert à mon estime, il ne me reprochera pas de lui manquer. — J’en desirerais sur votre cœur, dit le duc, en se troublant encore davantage, et réussissant moins à se cacher ; il ne tiendrait qu’à vous de me les accorder. Cessez d’envisager dans le duc de Guise, un juge aussi sévère que vous le supposez, Juliette ; voyez-y plutôt un