Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/89

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tative dont nous apprendrons bientôt le succès.

Juliette ne tarda pas à savoir le malheureux sort de son père : elle ne douta plus quelle fût la cause des indignes procédés du duc de Guise. Le barbare, s’écria-t-elle, au comte de Sancerre assez, généreux pour recevoir ses larmes et pour les partager, croit-il en m’enlevant ce que j’ai de plus précieux me contraindre à l’ignominie qu’il exige ?… Ah ! je lui prouverai quelle est Juliette ; je lui ferai voir qu’elle sait mourir ou se venger, mais qu’elle est incapable de se souiller d’opprobres ; furieuse, elle vole chez le duc de Guise.

Monsieur, lui dit-elle fièrement, j’imaginais que la grandeur et la noblesse de l’ame devaient guider dans toutes leurs actions, ceux sur qui l’état se repose du soin de le conduire, et que les ressorts d’un gouvernement, en un mot, ne se confiaient qu’aux mains de la vertu. Mon père m’envoie vers vous, pour négocier sa justification ; non-seulement vous me fermez les avenues du trône,