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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 1, 1799.djvu/98

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leur âme la même vigueur dont il leur parut embrâsé ; tous jurent de le suivre, et dès la même nuit, ce brave lieutenant de Castelnau, les mène sous les remparts d’Amboise.

« Ô murs, qui renfermez ce que j’ai de plus cher, s’écrie Raunai, en les appercevant, je fais serment au ciel ou de vous abattre ou de vous franchir ; et, quelques soient les obstacles qui puissent m’être opposés, l’astre du jour n’éclairera plus l’univers, sans me revoir aux pieds de Juliette ».

On se dispose à la plus vigoureuse attaque : un mal-entendu fait tout perdre. Les différens corps des conjurés n’arrivent pas ensemble aux rendez-vous qui leur sont indiqués ; les coups ne peuvent se porter à-la-fois ; on est averti dans Amboise ; on se tient sur la défensive, et tout manque. Le seul Raunai, avec sa troupe, pénètre jusques dans les faubourgs ; il arrive à l’une des portes ; il la trouve fermée et bien défendue. Pas assez fort pour entreprendre de l’enfoncer, exposé au feu du château qui lui tue