Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/11

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médiocre que la possession d’une femme, mon ami ; qui en a eu une, en a eu cent : la seule manière d’écarter la monotonie de ces triomphes insipides, est de ne les devoir qu’à la ruse, et c’est sur les débris d’une foule de préjugés vaincus qu’on peut y trouver quelques charmes. — Wilson : ne vaudrait-il pas mieux essayer de plaire à une femme… tâcher d’obtenir ses faveurs des mains de l’amour, que de la devoir à la violence ? — Granwel : ce que tu dis là serait bon, si les femmes étaient plus sincères ; mais comme il n’y en a pas une seule au monde qui ne soit fausse et perfide, il faut agir avec elles comme l’on fait avec les vipères qui s’employent dans la médecine… retrancher la tête pour avoir le corps… prendre à tel prix que ce soit, le peu de bon de leur physique, en contraignant si bien le moral, qu’on n’en puisse jamais sentir les effets. — Sir Jacques : voilà des maximes que j’aime. Granwel : sir Jacques est mon élève, et j’en ferai quelque jour un sujet… mais voici Gave qui revient, écou-