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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/10

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Sir Jacques : la fortune soit, mais pour la vie… je ne crois pas que tu sois d’humeur à mourir pour une femme. — Granwel : non… Et milord prononçant ce mot, frissonna involontairement… puis reprenant… Tout cela sont des façons de parler, mon ami, on ne meurt point pour ces animaux-là, mais il y en a en vérité qui remuent l’âme des hommes d’une façon bien extraordinaire !… Holà garçons, qu’on apporte du vin de Bourgogne ; ma tête s’échauffe, et je ne la calme jamais qu’avec ce vin là. — Wilson : sera-t-il vrai milord que tu te sentis capable de faire la folie de troubler les amours de ce pauvre Williams ? — Granwel : que m’importe Williams ? que m’importe toute la terre ? Apprends mon ami que quand ce cœur de feu conçoit une passion, il n’est aucun obstacle qui puisse l’empêcher de se satisfaire ; plus il en naît, plus je m’irrite ; la possession d’une femme n’est jamais flatteuse pour moi, qu’en raison de la multitude de freins que j’ai brisé pour l’obtenir. C’est la chose du monde la plus